Troubles anxieux, épisodes dépressifs, autant de risques qui peuvent être induits par l’activité professionnelle ou les relations de travail. Le 12 janvier, la Caisse nationale de l’Assurance Maladie (Cnam) a publié une étude sur les affections psychiques liées au travail dans sa collection « Santé travail : enjeux & actions » : présentant une hausse des maladies psychiques survenant dans un contexte professionnel.

Une constante augmentation des affections psychiques liées au travail

Selon l’étude « Santé Travail : enjeux et actions » présentée par la branche Risques professionnels de l’Assurance Maladie, plus de 10 000 cas d’affections psychiques (troubles anxieux, dépressions, états de stress post-traumatique, etc.) ont été reconnus comme accident du travail. Ces troubles représentaient 1,6 % des accidents du travail avec arrêt en 2011. 


Au total, 596 affections psychiques ont été reconnus au titre des maladies professionnelles en 2016, soit sept fois plus qu’il y a 5 ans. La majorité de ces troubles psychiques sont des dépressions (460), des troubles anxieux (68), des états de stress post-traumatiques (65). L’étude révèle également que le nombre de suicides reconnus en accident du travail « oscille annuellement entre 10 et 30 ».

Graphique des affections psychiques de 2010 à 2016Source : Étude "Santé Travail : enjeux et actions"

En cause, les conditions de travail mais aussi les événements extérieurs

Dans la moitié des cas, l’élément déclencheur est un événement extérieur mais lié au travail (agression, menaces, braquage, attentats, etc.). Dans l’autre moitié des cas, le facteur fragilisant est intrinsèquement lié aux conditions difficiles de travail, augmentant le risque « d’anxiété et de dépression ». L’origine est le plus fréquemment liée au management (27 %), à une charge de travail excessive (27 %), ou à mauvaise qualité des relations au travail (23 %) selon une autre étude sur les données 2001-2015 qui a permis d’extraire 508 situations faisant référence au terme « burnout ».

En moyenne, chaque année, la durée des arrêts de travail pour affection psychique s’élève à 112 jours. Dans plus de 7 cas sur 10, ils donnent lieu à une incapacité permanente. Et lorsqu’elles sont reconnues comme maladies professionnelles, les affections psychiques engendrent 400 jours d’arrêt de travail.

Les femmes et plusieurs secteurs d’activité surreprésentés

Les salariés les plus touchés par les affections psychiques liées au travail ont en moyenne 40 ans, et sont pour la majorité des employés, même si proportionnellement les cadres sont plus touchés. Dans 60 % des cas, il s’agit de femmes, en raison de leur plus forte exposition aux risques psycho-sociaux liée à leur surreprésentation dans certaines professions. On note aussi que la fréquence des affections psychiques est entre une fois et demie et deux fois supérieure chez les femmes par rapport aux hommes pour la tranche 40-49 ans.


Le secteur médico-social concentre ainsi à lui seul 20 % des affections psychiques reconnues en accident du travail, alors qu’il emploie 10 % des salariés. Les transports (15% des affections psychiques) et le commerce de détail (13 %) sont également fortement représentés. 

Graphique : fréquence des affections psychiques pour 100 000 salariésSource : Étude "Santé Travail : enjeux et actions"

Un coût financier majeur de 230 M€ en 2016

Le coût de la prise en charge des affections psychiques liées au travail s’élève à 230 millions d’euros pour la branche AT/MP en 2016. Ce chiffre demeure moindre par rapport aux autres pathologies, comme les lombalgies (plus de 1 milliard d’euros) et les troubles musculo-squelettiques (800 millions d’euros).

Comment faire reconnaître une maladie professionnelle ou un accident du travail ?

  • Maladie professionnelle : l’assuré doit fournir une déclaration accompagné d’un certificat médical dit certificat médical initial (CMI) établi par un médecin, décrivant sa maladie et faisant état du lien possible avec son activité professionnelle. La déclaration doit être effectuée dans les deux années qui suivent la cessation du travail pour la maladie en question, ou la date à laquelle la victime a été informée par un certificat médical du lien possible entre sa maladie et l’activité professionnelle.
  • Accident du travail : la victime doit dans les 24 heures informer l’employeur. Il doit faire par ailleurs constater le trouble psycho-social par un médecin qui établira un certificat médical initial (CMI), lequel sera adressé à la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). La CPAM engagera ensuite l’instruction du dossier. Par ailleurs, « l’employeur, ou l’un de ses préposés, doit déclarer tout accident dont il a eu connaissance dans les 48 heures.
09/02/2018