Le colloque organisé par la Cramif donne la parole à des préventeurs, des experts et des donneurs d’ordre afin d’aborder les problématiques spécifiques au risque amiante. Lors de cette troisième table ronde six intervenants ont pris la parole.

Xavier Faure, animateur

J'appelle à nous rejoindre à cette table ronde :

Aurélie Ascaride, vous êtes ingénieure en prévention pour le Groupe Interinstitutionnel Régional amiante au sein de la DRIEETS.

Alban Raimbault, vous êtes chargé de mission à la Fédération nationale des syndicats de l'assainissement.

Daniel Leroy, contrôleur de sécurité à la Carsat Normandie.

Véronique Godart, vous êtes responsable prévention sécurité pour SARP VEOLIA.

Et Anita Romero-Hariot, vous êtes expert d'assistance et conseil technique amiante au sein de l'INRS.

Nous avions convenu ensemble un premier tour de table de présentation.

Vous pouvez commencer Aurélie.

Aurélie Ascaride, ingénieure de prévention à la DRIEETS, la Direction régionale interdépartementale de l'économie, des entreprises, du travail et des solidarités.
J'interviens en appui des 400 agents de contrôle des 8 unités départementales sur le contrôle des chantiers et notamment des chantiers exposants à l'amiante.

Bonjour, Alban Raimbault, je représente la Fédération nationale des syndicats de l'assainissement. Je suis chargé de mission.

Daniel Leroy, je suis contrôleur de sécurité au laboratoire InterRégional de Chimie de la Carsat Normandie et référent amiante pour cette même Carsat.

Marc Charoy, coordonnateur amiante.

Bonjour, Véronique Godart, responsable prévention sécurité et référente amiante pour le groupe SARP.

Bonjour, Anita Romero-Hariot, à l'INRS au département expertise et conseils techniques pour le risque chimique en prévention du risque amiante.

Xavier Faure

Merci pour ce premier tour de table, on avait dit qu'on commencerait par vous Aurélie Ascaride.
Il y a une vraie difficulté pour savoir si le réseau est amianté, parce que le réseau n'est pas accessible si facilement. Comment fait-on pour lever ce doute ?

Anita Romero-Hariot

On procède à un repérage, c'est déjà ce dont on a parlé pendant l'atelier 2 sachant que l'on est sur le domaine d'activité numéro 2, pour lequel la réglementation n'est pas encore complètement arrêtée. Comme ça a été précisé ce matin, la DGT a donné des consignes d'utiliser la norme qui est déjà publiée en tant que bonne pratique.

On peut s'appuyer sur cette norme là pour faire procéder à un repérage dès que c'est possible, sachant que comme je le présentais ce matin dans le dispositif réglementaire, il est possible d'être exempté de repérage avant travaux dans le cadre de réparation ou d'action de réparation, quand on est en sous-section 4 et en niveau 1, donc à un niveau d'exposition inférieur à 100 fibres/L.

Xavier Faure

Alban Raimbault, vous allez prendre un micro je crois que vous avez une présentation sur laquelle on vous laisse avancer.

Alban Raimbault

Concrètement, je vous présente la démarche de la FNSA sur les réseaux enterrés. En préambule, je vous présenterai un, la Fédération pour laquelle je travaille. C'est la Fédération Nationale des Syndicats d'Assainissement et de la Maintenance Industrielle.

Ce sont des syndicats de spécialités, avec comme base commune, l'assainissement et la maintenance industrielle notamment, ce sont, en résumé, l'ensemble des prestataires de services qui travaillent entre les producteurs des eaux usées et le site de traitement.

Ils vont contrôler, nettoyer, curer et transporter les déchets liquides dangereux et non dangereux.

Globalement, ce sont des personnes qui étaient en première ligne quand il y avait la crise du Covid.

Nous avons aussi notre propre convention collective, d'où une culture de dialogue avec les partenaires publics notamment sur la démarche de la santé ce qui nous amène à l'amiante où la FNSA a eu une prise de conscience assez tôt au niveau national.

La démarche FNSA

Aux alentours des années 2010, elle a enclenché une commission amiante au sein de sa fédération en deux branches :

  • sur l'hygiène immobilière
  • et sur le curage de réseaux

L'hygiène immobilière, ce sont toutes les activités qui vont avoir lieu au sein des réseaux, dans les immeubles. On a une méthodologie qui s'est mise en place, il fallait déterminer les gestes métiers, les interventions qui pouvaient être émettrices et potentiellement dangereuses pour nos opérateurs.

L'ambition était de se rapprocher des acteurs sur ce terrain, de manière à pouvoir maximiser les données et comprendre le niveau d’empoussièrement qui pouvait y avoir.

Nous avons donc pris contact avec l’OPPBTP, qui a mis en place le projet CARTO qui est une base de données qui collecte l'ensemble des interventions sur ce domaine et qui permet, au bout d'une dizaine ou d'une quinzaine de chantiers tests, de valider des fiches chantiers.

Cette même méthodologie a été développée au niveau du curage.

Nous nous sommes rapprochés notamment vers la Cramif et la Carat Normandie.
Une convention a été signée. Tout devait être créé. On a mis en place une convention pour développer des chantiers tests encadrés. Néanmoins, cela n'a pas été sans difficulté.

Premièrement, quand vous vous attaquez à du curage réseaux, vous avez des dizaines de paramètres à prendre en compte. Il était vraiment compliqué, mais en même temps il fallait bien ressortir des données : il fallait prendre en compte la vétusté de la canalisation, le matériel, la façon de travailler des personnes, le contexte environnemental nous étions aussi en lien avec les collectivités qui n'ont pas forcément envie de laisser du linéaire ainsi examiné et savoir s’ils ont du réseau ou non amianté.

Toutes ces difficultés sur cette première campagne nous a permis de récolter des données intéressantes.

Selon les différentes façons de faire, on est arrivé à une réponse qui permettait de maximiser la sécurité des opérateurs et de maîtriser les coûts. C’était le mot d’ordre fondamental qui nous a poussé dans nos recherches.

La solution qui nous permettait de maîtriser ces deux paramètres là, étaient notamment l’utilisation de la plaque, tout simplement.

Les préconisations techniques

Les objectifs

L'utilisation de la plaque nous a poussés à la fin de cette première campagne d'empoussièrement (aux alentours des années 2019-2020), à sortir des préconisations.

Étant donné qu'il était assez compliqué d'avoir des chantiers tests, on en rêvait des centaines mais évidemment on en a eu une dizaine, voire une quinzaine. Mais on a voulu sortir des préconisations un peu en « Open Source » pour que les donneurs d'ordre ou les entreprises, au-delà de la FNSA, puissent s'en emparer et puissent les utiliser pour affiner le plus possible des gestes métiers qui justement ne soient pas invasifs et rentrent dans une routine d'intervention, et qui permet de maximiser la sécurité et maîtriser les coûts des interventions. Ça c'était les objectifs.

Procédure de coordination

On a mis en place une procédure de coordination entre la FNSA, l’entreprise, les Carsat, les laboratoires d'analyses qui permettait d'avoir une métrologie assez bien définie avec une collecte de prélèvements d'eau en début de chantier, en fin de chantier, etc. On l'a décortiquée de manière à pouvoir avoir des résultats assez précis.

Néanmoins, au niveau de la méthodologie technique ça a été un vrai travail. Nous avons fait appel à un des syndicats qui est à l'intérieur de la FNSA, le SYFFA qui regroupe les équipementiers et constructeurs de matériel d'assainissement qui nous ont permis de déterminer une moyenne entre différents paramètres et de pouvoir avoir un modèle reproductible ; au niveau par exemple de la tête anti souffle, comme je le montre pour évoquer la technique. Faire en sorte de minimiser le brouillard qui en ressort même si avec la plaque ça permet d'enlever l'ensemble de l'empoussièrement qui peut se retrouver au-dessus de la plaque. C'est l'utilisation d'une tête anti souffle, avec un angle compris entre 10 et 30.

On a une maîtrise de la pression à ne pas dépasser 150 bars.

Tout cela dans des cannages, généralement dans 80 % à 90 % des cas, qui est de 150 à 300 mm.

On a essayé de déterminer une méthodologie qui est assez aisée à suivre, de manière à pouvoir récolter facilement des données.

Critères minimum d’un jeu de 2 plaques

La plaque qui nous a permis d'avoir des données d'empoussièrement proche de zéro et qui est utilisée actuellement en développement.

Donc nous avons deux plaques :

  • une plaque en aval
  • une plaque en amont

La plaque en aval est évidemment nécessaire, avec tous ces paramètres qui est d'un poids minimum de 12 kg, d’un diamètre entre 600 et 800 mm avec une plaque pleine en amont et qui permet de voir le passage du flexible de manière à contrôler le travail et la qualité.

C'était fondamental, notamment au niveau des opérateurs de pouvoir voir leur travail.

C'est aussi un compromis entre la sécurité et la qualité du travail. C'était une démarche et une réflexion par rapport à cela.

Les préconisations techniques

Au final, on arrive à ce type d'intervention type. On verra en retour d'expérience comment cela se passe.

Ce schéma nous permet de visualiser une intervention type, avec la plaque, et qui permet de mettre en sécurité l’opérateur, tout en contrôlant l'intervention qui se déroule et qui permet d'avoir un résultat maximisé avec toutes les précautions qui ont été prises. Je rappelle que ce sont des préconisations.
Elles doivent être expérimentées encore plus, affinées, et de manière à pouvoir être en adéquation avec le bénéfice risque qui peut être engendré.

Xavier Faure

Quel est le chiffre en termes d'exposition ? Avez-vous des analyses d'exposition avant d'avoir mis ce système en place ?

Alban Raimbault

En termes de résultats, la première campagne d'empoussièrement était assez disparate. On avait de la présence d'empoussièrement : la plaque permet d'être proche de zéro voire zéro.

Avec la plaque, on avait nécessairement de l'empoussièrement qui se retrouvait de manière quasi certaine.

Xavier Faure

Daniel Leroy, vous allez intervenir… parler sur ces retours.

Une action normande

Bonjour, je vais revenir un peu sur l'action qu'on avait démarrée en Normandie avec la métropole Rouen Normandie dès 2015, qui se posait en tant qu'employeur puisqu'elle avait de l'hydrocurage en régie.

Elle a commencé à s'interroger là-dessus et a fait réaliser une série de mesurages avec ses propres opérateurs.

Dès 2015 avec neuf interventions avec un laboratoire accrédité de la région sur des opérations de récurage de réseaux d'amiante ciment.

Les chiffres variaient de 3 à 39 fibres/L. Donc effectivement présence d'amiante avérée pendant ces opérations.

Comme on travaillait déjà avec la métropole, notamment sur le CATEC, on a proposé d'élargir la campagne de mesures en appliquant d'autres métropoles normandes.

Plusieurs métropoles nous ont rejoints pour faire des prélèvements d'atmosphère, notamment le Havre, Alençon et Cherbourg : 6 interventions.

On a obtenu des résultats qui variaient encore : soit inférieurs à 3 fibres/L jusqu'à une opération à 375 fibres/L qui prouve que l'on peut atteindre des résultats plus élevés.

On n'était pas encore à travailler raisonnablement avec le tampon, qui n'avait pas encore clairement été inventé. Même si la métropole avait déjà travaillé sur quelques opérations possibles.

Convention FNSA / Carsat Normandie / Cramif

Comme la Cramif et la FNSA travaillaient sur la même question, on s'est rejoint sur cette problématique. Comme le disait Alban, on a travaillé sur une convention tripartite FNSA, Carsat Normandie et Cramif, pour multiplier les prélèvements sur cette campagne de 2017 à 2019.

Les résultats de mesurage

J'ai recensé 11 sites qui ont fait l'objet de prélèvement en Ille-et-Vilaine, Loire Atlantique, dans le Var, en Seine-Maritime et en Île-de-France.

Il y a eu quelques mesurages en dehors de la convention, puisque tous les critères n'étaient pas forcément respectés. Sur le principe de la stratégie, on était sur le même cadrage que la campagne CARTO c'est-à-dire : prélèvement d'atmosphère et prélèvement de matériaux pour valider la présence d'amiante ciment dans la canalisation puisque, comme on l'a expliqué plusieurs fois, le repérage est encore quelque chose qui manque un petit peu dans cette profession et ses donneurs d'ordre.

Là, on va parler des résultats des mesurages sur ces chantiers.

Présence d'amiante détectée dans les prélèvements massiques, sur 10 chantiers. Tout va bien, on est bien dans le cadre de la campagne.

56 résultats de prélèvement d'air. Là encore des concentrations qui varient de < à 3donc on est au moins au niveau 2.fibres/L jusqu'à un chiffre excessif de 1donc on est au moins au niveau 2.305 fibres/L, qui a conduit à peut-être arrêter le chantier.

  • 5 % des résultats dépassent le niveau 1, donc supérieur à 100 fibres/L, donc on est au moins au niveau 2
  • 54 résultats des prélèvements ont au moins une fibre comptée. Donc une présence avérée d'amiante dans l'atmosphère
  • Et 63 des prélèvements positifs sont susceptibles de dépasser les 5 fibres/L, donc au-dessus du seuil de la santé publique
  • Parmi les deux opérateurs, puisqu'on a l'opérateur de curage et son aide, qui est plutôt auprès du regard amont, lui est moins exposé. C'est logique, celui qui est près du camion et de la bouche où ressort le brouillard est plus exposé tant qu'on n'a pas le tampon

Prélèvements d'air en environnement

Quelques prélèvements d'air en environnement ont été réalisés autour du camion ou à proximité du regard.

Là on a 5 résultats, avec au moins une fibre comptée dans cette zone de travail, des concentrations supérieures à 5 fibres/L.

Un peu plus de résultats sans aucune fibre comptée : 4 en une borne supérieure à l'intervalle de confiance qui dépasse 5 fibres/L. Là, c'est lié à la durée du prélèvement et donc à la sensibilité analytique, qui était variable.

Difficile de comparer les positionnements de certains prélèvements environnementaux, qui étaient plus ou moins loin du regard. Peut-être quelquefois à peu près pour voir s'il y avait une dispersion environnementale, donc on ne peut pas forcément conclure sur cette dispersion.

Les résultats des mesurages

Comme on le disait aussi, on avait essayé de voir un si on polluait le matériel : un certain nombre de prélèvements surfaciques, qui n'ont pas de valeur réglementaire mais qui est très informatif, nous ont permis de vérifier la présence d'amiante sur la tête de curage, sur les EPI puisque les opérateurs portent des gants mais qu'ils enlèvent de temps en temps et donc si on les dépose n'importe où on a 10 fois de l'amiante sur les EPI. On en a sur le tampon qu'on a mis en place, donc il faudra bien penser à le décontaminer.

Le tuyau, qui est entré pour une bonne part dans la canalisation, sur les 15-20 mètres qui ont été curés. Donc, là aussi, il faudra penser à décontaminer le tuyau.
Et puis 3 divers, c'est peut-être de la dispersion dans le camion, je n'ai pas les éléments complets sur ça.
Et puis, quelques prélèvements d'eau, puisque c'était une inquiétude également : est-ce que de l'eau se souille en amiante après curage ?
Je crois qu'on n'a pas assez de chiffres même si on sait qu'il y a de l'amiante dans cette eau, on a trop peu de prélèvements pour conclure si c'était avant, pendant ou après les opérations de curage.
Puisqu’après tout, l'eau circule dans ces canalisations amiante ciment depuis des années.

Conclusion sur les mesurages

Conclusion, on va être obligé de relativiser, on n'a pas fait une campagne sur une centaine de prélèvements comme on aurait voulu le faire.

De nombreux critères sont variables pendant ces opérations :

  • la longueur des tronçons qui ont été curés, puisque quelquefois des difficultés, des arrêts, font que l'on n'a pas curé la même longueur pendant les deux ou trois heures d'intervention
  • le débit et la pression qui ont été injectés et qui peuvent être variables selon les camions, la façon de travailler des opérateurs (je rappelle que l'on est avant l'écriture des modes opératoires suggérés par la FNSA),
  • les types de fusées employées qui pouvaient être différentes aussi
  • la profondeur des canalisations, si vous êtes à un regard qui est beaucoup plus profond qu'un autre, peut-être que le brouillard qui va ressortir du tampon sera moins important

Des conditions de prélèvement qui peuvent être différentes sur la position des pompes, notamment environnementales, et l'éventuelle humidité (en Normandie par exemple, on ne fait pas toujours des prélèvements par beau temps).

Ce qui est certain, c’est qu'il y a un risque d'inhalation de fibres d'amiante pendant ces opérations. Et éventuellement de dispersion après, dans le camion, avec un transfert de pollution sur les équipements de travail entre chaque déplacement. Entre tous les regards, il faut remonter dans le camion pour le déplacer. Donc pensez à une décontamination du matériel et des EPI des opérateurs.

Comme ça a déjà été dit, les tampons obturateurs, qui doivent laisser passer le matériel, sont la meilleure protection collective puisqu'ils limitent beaucoup la sortie de brouillard.

La présence d'amiante dans l'eau doit questionner effectivement sur l'élimination des boues collectées dans la cuve des camions après intervention et sur la filière avale. On y reviendra peut-être tout à l'heure.

Les moyens de protection

Les entreprises, le code du travail en matière de protection des risques, la sous-section 4 du décret du 4 mai 2012, on est bien dans le secteur de l'intervention sur un matériau amianté.

  • il va donc falloir procéder à la formation du personnel (les encadrants et les opérateurs)
  • élaborer des modes opératoires
  • choisir et mettre en œuvre les équipements de protection collectifs et individuels (avoir à disposition des tampons obturateurs, les masques, les EPI, les bottes...)
  • l'évaluation périodique des processus mis en œuvre pour vérifier la bonne application et la bonne efficacité

Et puis un point important : les donneurs d'ordre sont tenus d'informer les entreprises de récurage sur la présence d'amiante dans les canalisations qui font l'objet des interventions.

Il est manifeste que le recensement de ces canalisations est loin d'être exhaustif en France.

À défaut, les entreprises devront considérer que les canalisations contiennent de l'amiante, et prendre les mesures adéquates. C'est sans doute un peu exagéré d'en arriver jusque-là, il serait bien plus judicieux de faire des recensements et des repérages comme indiqué par la réglementation, mais ça va encore demander du temps. Et ne pas oublier que, les donneurs d'ordre étant responsables, doivent aussi quantifier et donc payer suffisamment l'intervention pour que l'on puisse arriver à des opérations qui ne soient pas faites à moindre coût par les opérateurs. Et je laisse la place à Madame Godard.

Xavier Faure

Marc Cheroy, voulez-vous apporter une précision supplémentaire ?

Marc Cheroy

Oui, j'ai entendu Alban qui disait qu'on avait arrêté notre collaboration en 2019, on ne va pas revenir sur la période Covid qui a aussi immobilisée certaines actions, mais je suis content de voir que la réflexion a été poursuivie.
Quand on parle maintenant de « plaque amont », « plaque aval », c’est quelque chose qu'on n'avait pas abordé dans le cas de nos réflexions, mais ça veut dire que derrière l'idée de la prévention dans votre secteur d'activité a fait son chemin. On est bien content de voir qu'il y a des évolutions. Ça illustre les aspects positifs d'une mobilisation d'un secteur d'activité.

Xavier Faure

Véronique Godard, on va finir ce premier tour de table de présentation. Vous allez témoigner sur l'application des entreprises et puis nous faire un retour d'expérience sur les difficultés qu'elles peuvent avoir sur ce sujet.

Véronique Godard

Avant de vous faire part de notre retour d'expérience sur le curage des réseaux amiantés, quelques mots en fait pour vous présenter la SARP.

C'est une histoire qui date : plus de 85 ans cette année. Nous entretenons les réseaux d'assainissement depuis fort longtemps, nous assurons la maintenance d'assainissement de l'ensemble des réseaux.

L'histoire a commencé en région parisienne et aujourd'hui on est présent sur tout le territoire national.

Nous proposons des prestations généralistes, des prestations très spécifiques pour répondre aux besoins réglementaires d'entretien, les besoins de nos clients.

Nous sommes présents sur tout le territoire national, nous avons plus de 250 agences, plus de 6 400 collaborateurs et plus de 4 000 véhicules et engins d'intervention.

Nous mettons en œuvre un mode opératoire amiante pour assurer l'entretien des réseaux d'assainissement. Peu d'études pour pouvoir quantifier le linéaire existant. Aujourd'hui, on estime à partir d'une étude qui avait pu être menée sur le réseau de collecte des eaux pluviales, dans cette étude on estimait qu'il y avait 4 % des réseaux d'eau pluviale qui pouvait être amianté.
On est parti du posteriori que 4 % du réseau des eaux usées pouvait être aussi amianté.
On part du postulat qu'il y aurait plus de 16 000 km de réseau d'assainissement qui pourraient être amiantés en France. C'est vrai que la difficulté aujourd'hui c'est de quantifier et d'identifier la présence d'amiante dans les réseaux. Aujourd'hui, par les phases de diagnostic, d’inspections télévisées, on peut avoir une information de présence ou d'absence de fibrociment si c'est du PVC, de la fonte.
Nous sommes face à un certain nombre de kilomètres qui peut être en fibrociment comme le disait Monsieur Leroy, il y a un risque d'exposition aux fibres d'amiante dans le cas de nos prestations d'entretien et de nettoyage de ces réseaux.

Où trouve-t-on de l'amiante ?

Aujourd'hui, nous sommes force de conseil auprès de nos clients, les collectivités, pour essayer de récupérer au maximum une cartographie, essayer d'avoir une information la plus fiable possible sur la présence d'amiante sur les réseaux.

Aujourd'hui, on sait que l'on peut avoir de l'amiante au niveau de l'ensemble des branchements au niveau des canalisations, au niveau des postes de relèvement, les fourreaux présents dans les ovoïdes, et puis dans les enrobés routiers.

La SARP, nous mettons en œuvre un mode opératoire amiante pour répondre à la réglementation puisque c'est une prestation d'entretien et de maintenance : ce sont des interventions qui sont susceptibles d'émettre des fibres. En application des codes du travail, de l'environnement, de la santé publique, nous mettons en œuvre un mode opératoire et nous proposons à l'ensemble de nos clients, de mettre en œuvre ce mode opératoire pour protéger nos collaborateurs et puis la santé de la population, des intervenants et des tiers puisque nous intervenons sur la voie publique.
Nous conseillons et nous alertons nos clients, donneurs d'ordre, sur les obligations réglementaires pour mettre en œuvre un mode opératoire amiante.
Une image qui permet d'illustrer nos collaborateurs qui se fait à 2 entre un opérateur chauffeur et un aide opérateur. Et la plaque.
Nous avons fait le choix et nous avons développé notre propre plaque, à partir du cahier des charges validé dans le cas de la FNSA. On a un brevet SARP et on forme à l'utilisation de cette plaque l'ensemble de nos collaborateurs.

Nous avons validé, dans le cadre des campagnes avec la Cramif et la Carsat, puis on a poursuivi dans ces années Covid par un certain nombre de campagnes de mesures pour valider la mise en œuvre de la plaque, puisqu'on change la façon de travailler de nos collaborateurs. Alban l'a abordé tout à l'heure. On travaille à l'aveugle maintenant, donc on change totalement la façon de travailler. Ce n'est pas anodin d'utiliser un équipement de protection collective. Ça fait changer le savoir-faire et le savoir métier.
En parallèle de la formation réglementaire, on forme des encadrants chantier, nos intervenants, puis des encadrants techniques. On a mis en œuvre une formation adaptée à la mise en œuvre de notre mode opératoire et à l'utilisation de la plaque. Nous formons sur une journée l'ensemble de nos collaborateurs avec des formations internes. On a des formateurs internes et on communique le plus largement possible : déjà en interne sur l'ensemble de nos collaborateurs, de nos commerciaux, à nos encadrants, managers, assistantes, pour avoir la meilleure maîtrise de la prévention du risque amiante.

Tout est parti du travail réalisé avec la Carsat, la Cramif et la FNSA pour évaluer le risque et valider notre mode opératoire.

Pour accompagner l'ensemble de nos agences, nos managers et nos équipes sur le terrain, on a mis en œuvre une équipe structurée au niveau du siège dont je fais partie pour valider les modes opératoires et maîtriser le plus largement possible la mise en œuvre sur le terrain.

Aujourd'hui, nous avons validé un mode opératoire, nous utilisons un équipement de protection collective, une plaque comme on a pu le voir, avec des spécificités complémentaires par rapport à ce qu'a pu vous présenter Alban.

Notre mode opératoire : il y a une phase importante de préparation de chantier puisqu'on utilise des équipements de protection individuels spécifiques pour l'amiante.
Nos équipes sont équipées : ils portent des EPI de la tête aux pieds. Et puis, spécifiquement par rapport à la problématique amiante, nous avons tout un renforcement du balisage et de la zone de travail, la zone de sécurité amiante. Et puis, l'utilisation de la plaque et la mise en œuvre d'aspects techniques pour limiter au maximum l'émission de fibres.
Notre mode opératoire s'axe sur plusieurs points : il y a effectivement l'utilisation de la plaque, mais également la maîtrise du débit pression, le type de choix de tête en fonction de l'encrassement du réseau. C'est ce qu'on renforce dans le cadre de notre formation interne.
On a renforcé tout le savoir-faire curage pour limiter au maximum l'émission de fibres au droit du regard.

Des modes opératoires très strictes et spécifiques

Donc des modes opératoires très strictes et spécifiques. Aujourd'hui, selon l'état actuel de nos connaissances, on met en œuvre un mode opératoire amiante comme vous pouvez le voir sur l'image, on utilise la plaque et on définit aussi un périmètre de sécurité.
Là vous voyez les quatre cônes avec la rubalise.
Pendant toute la phase de curage, l'opérateur a interdiction d'intervenir dans cette zone. L'opérateur ne rentre dans cette zone à risque que pour mettre en place ou retirer la plaque.
Une phase importante de préparation de chantier, de balisage, comme on intervient la plupart du temps sur la voie publique. La mise en œuvre du mode opératoire pour la partie curage et puis, une décontamination du matériel qui est assurée par notre plaque et sur la partie tuyaux de pompage et tuyaux HP. Et puis après, une phase de repli spécifique en prenant en compte également une phase d'habillage et de déshabillage de l'ensemble de nos collaborateurs.

Engagement SARP

Nous avons validé notre mode opératoire par des campagnes de mesure d'empoussièrement pour compléter les différentes mesures qui ont pu être faites dans le cadre de la convention FNSA / Carsat / Cramif, pour valider notre mode opératoire et maîtriser l'ensemble des situations accidentelles parce qu'il y a des moments où le réseau est obstrué, il y a des moments où il y a une mauvaise mise en place de la plaque, on peut avoir un problème avec nos tuyaux de pompage, nos tuyaux de HP, avec les têtes...
Donc, on a identifié toutes les situations accidentelles, les modes dégradés que l'on pouvait avoir en utilisant cette plaque et ce mode opératoire pour apporter des solutions techniques à l'ensemble de nos collaborateurs. L'ensemble de nos résultats sont inférieurs au seuil du code de la gestion de la Santé Publique en utilisant la plaque.

On a fait des mesures directement sur les opérateurs pour répondre à nos obligations réglementaires, mais également au niveau de la zone de travail qui est balisée et puis à l'arrière du poids lourd et au niveau des rejets de pompe. Donc, en mettant en œuvre le mode opératoire et en utilisant la plaque, ça nous permet de garantir la protection de nos collaborateurs et la protection environnementale.

Accompagnement de la FNSA

On a accompagné la FNSA pour la partie préconisation technique et sensibilisation des donneurs d'ordre. Malgré les difficultés qu'on peut avoir sur la partie identification de réseaux amiantés, on a quelques succès.

On travaille avec Tours Métropole et Le Mans, où l'on met en œuvre notre mode opératoire sur le terrain pour assurer la protection des collaborateurs et l'ensemble des riverains.

Xavier Faure

Merci pour cette présentation. Juste pour comprendre, si on ne met pas la plaque, il n'y a pas de solution pour intervenir ?

Véronique Godart

Pour intervenir sur les réseaux amiantés c'est la plaque qui garantit la protection du collaborateur.

Xavier Faure

Est-ce qu'il y a encore des entreprises qui interviennent sans plaque ?

Véronique Godart

Je vais laisser parler les autres intervenants.

Alban Raimbaud

Aujourd'hui, on ne peut pas dire que des entreprises interviennent sur des réseaux amiantés sans protection.La problématique réside dans le repérage, concrètement. Il faut savoir sur quel type de canalisation on intervient.

Xavier Faure

Le sujet c'est de s'assurer qu'il n'y a pas d'amiante sur la canalisation. On va finir les présentations, puis j'ai envie de rentrer dans ce débat-là. On va continuer avec Anita Romero-Harriot. Quel rôle a joué l'INRS dans ce dispositif ?

Anita Romero-Harriot

C'était un rôle un peu en parallèle mais qui rejoint la problématique puisqu'il y a eu une petite étude faite à l'INRS sur le sujet de l'amiante dans l'eau, et en particulier du circuit de circulation de l'eau jusqu'à son traitement au niveau des stations d'épuration pour aller voir potentiellement s'il y avait des situations qui pouvaient être exposantes tout au long de la chaîne.

Je vais expliquer ça au travers de cette étude.

Je vous présente donc les travaux qui ont été réalisés par Jean-François Sauvé et Gautier Mater du département métrologie des polluants à l'INRS, qui devaient être là mais qui n'ont pas pu être là donc je vais parler en leur nom. Sont associées à la présentation de leurs travaux des mesures de prévention qui ont pu être ajoutées.

Le contexte de cette étude

Une alerte relative aux risques liés à l'ingestion d'amiante, notamment via l'eau, qui a été lancée à la Direction générale de la santé par l'Agence régionale de santé de Nouvelles Aquitaine et l'INRS qui faisait suite à des articles italiens qui posaient cette problématique.

Suite à cette alerte, la DGS a saisi l'ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) pour travailler sur le sujet. L'ANSES a sorti, quelques mois après cette saisine, une note technique et scientifique sur la critique de ces fameux articles qui avaient été publiés en 2016 et 2017.

Après la mise en évidence par l'ANSES dans le cadre de ces études de la présence d'amiante dans l'eau potable, sans pouvoir évaluer avec certitude le risque lié à son ingestion, l’INRS a souhaité travailler sur le sujet en s'étant posé la question : « S'il y a la présence d'amiante dans l'eau potable, pourquoi n'y en aurait-il pas dans les eaux usées ? ». Et « quelles sont les sources d'amiante qui pouvaient se retrouver dans les eaux usées ? ». « Quelle professionnelle sont susceptibles d'être exposés, et à quelle concentration ? ».

Cette étude a reposé sur une recherche bibliographique qui portait sur les études épidémiologiques des travailleurs de la filière de traitement des eaux. Dans les recherches bibliographiques, on a regardé ce qu'il y avait au niveau des niveaux d'exposition dans l'air, dans l'eau et dans les boues.

Ça a également reposé sur les statistiques des maladies professionnelles qui nous sont très utiles, au titre, notamment, des tableaux des maladies professionnelles pour pouvoir dégager des métiers potentiellement à risque sur les bases de données Colchic et Scola qui renseignent les mesures d'empoussièrement qui sont faites sur opérateur, soit par le réseau prévention pour Colchic, soit par les laboratoires accrédités pour la base Scola, et qui sont associés à des titres d'emploi de la filière ou des professions, pour Scola.
Il y a également eu une rencontre avec une entreprise d'hydrocurage. Et puis des visites de stations d'épurations où les tâches ont pu être observées, les tâches d'entretien des égouts également.

Au cours de cette étude, il n'y a eu ni prélèvements, ni analyses : ce sont bien les valeurs issues de la bibliographie et des bases de données que nous avons pu regarder.

Résultats – Études épidémiologiques

Pour les résultats au niveau des études épidémiologiques, l’équipe a pu identifier 7 études publiées sur la période 1991 à 2015, portant spécifiquement sur les eaux contenant de l'amiante dans le traitement des eaux. Il y avait 6 études européennes et une étude nord-américaine, 3 études portaient spécifiquement sur les égoutiers, 2 sur les stations d'épuration et 2 études compilaient les deux.

Plusieurs études ont montré l'augmentation de l'incidence de la mortalité par cancer respiratoire.

Il y a une étude qui a montré une élévation du risque de cancer de la plèvre, mais avec toute la retenue qu'il faut, le nombre de cas était très faible.
Globalement, on peut dire qu'au niveau des études épidémiologiques, le nombre de cas identifiés est relativement faible et même le nombre d'études par elle-même est relativement faible également spécifiquement sur ce métier.
En ce qui concerne les niveaux d'exposition issus de la littérature, on a recherché les mesures d'exposition en France.

Il y avait eu quelques données qui avaient déjà été collectées par l'INRS en 2014. C'est en soutien à une étude qui avait été effectuée sur les égoutiers parisiens dans un autre contexte, mais pour lequel il y avait également eu des mesures d'amiante de faites, ça avait pu être documenté un peu.

Dans les égouts, quelques concentrations d'amiante avaient été détectées, mais inférieures à la limite de quantification. Dans les autres lieux, comme les locaux techniques, il n'y avait pas eu de fibres d'amiante détectées.

La campagne hydrocurage dont viennent de parler la FNSA et la Carsat Normandie, où on avait eu connaissance, par échange avec la Cramif et la Carsat, des résultats préliminaires qui montrent une grande variabilité dans les concentrations mesurées.
On voyait que les opérateurs hydrocureurs étaient les plus exposés, et qu'il y a un risque de contamination par des fibres des équipements utilisés (les tuyaux, les buses par des fibres...).

Les déterminations de l'exposition devaient être évaluées, notamment « est-ce qu'il y avait une incidence liée au diamètre des tuyaux curés ? Des débits d'eau ? Le linéaire traité, etc. ».

Pour les études américaines, il y en a eu 8 publiées sur la période de 1985 1994, elles montrent la présence d'amiante dans les boues de stations d'épurations.

Pour l'étude de Mano (1991) les fibres détectées ont été détectées dans les boues de 34 STEP sur 51, avec une fréquence plus élevée dans les STEP des villes de plus petites tailles.

Pour l'étude de Patel-Mandlik (1994), des fibres ont été détectées dans les boues de 13 STEP sur 16.

STEP signifie ici Station d'Épuration.

Pour les maladies professionnelles, le nombre de cas reconnus sur la période 2013-2019 dans le secteur de la collecte et du traitement des eaux usées a été de 8 au total :

  • 2 pour le tableau 30bis pour les cancers broncho-pulmonaires
  • et 6 pour les affections professionnelles consécutives à l'inhalation des poussières d’amiante, donc le tableau 30

L'exploitation des bases de données Colchic et Scola ont permis de recueillir 1 334 mesures au total (ambiances et individuelles) entre 2003 et 2021 pour la profession.

Ressortent 16 métiers potentiellement exposés, pour lesquels les mesures sont documentées.

Donc, parmi ces 16 métiers, on va avoir les :

  • techniciens/techniciennes de contrôle des réseaux d'assainissement
  • les poseurs et poseuses de tuyaux
  • les agents de laboratoire d'analyse industrielle
  • les poseurs de canalisation
  • les constructeurs de canalisations d'hygiène publique et de voies urbaines
  • les canalisateurs/canalisatrices
  • agents/agentes de curage et égoutiers
  • et puis on a également regroupé dans « autres métiers », 8 métiers, pour lesquels on avait moins de mesures pour chaque métier

Le trait rouge positionne la valeur limite de 10 fibres par litre.

On voit qu'il y a plusieurs métiers qui dépassent cette valeur, la plupart d'entre eux et, notamment, la valeur médiane, qui peut être relativement élevée, notamment pour les techniciens/techniciennes de contrôle d'assainissement.

Résultats – Rencontre avec une entreprise d'hydrocurage/entretien

Le retour d'expérience suite à la rencontre avec l'entreprise d'hydrocurage a permis de relever les principaux éléments suivants :

  • l'hydrocurage peut générer des aérosols à l'extérieur des regards, dès lors où l'on met la pression dans le tuyau
    Ces aérosols, la quantité des fibres qu'ils peuvent transporter peut-être influencée par le diamètre du conduit, par la puissance du jet d'eau et puis l'état de conservation/dégradation du conduit en lui-même.
    Cette tâche semble être de plus en plus réalisée à distance, ce qui peut réduire l'exposition. Ça c'est plutôt une bonne observation.
    L'utilisation envisagée de couvercles/tampons, ce que vous avez appelé « les plaques », permettait de réduire les projections. Au travers de vos témoignages, on a vu qu'effectivement c'était devenu la routine. Donc c'est plutôt aussi une bonne observation
  • Il y a peu de curage manuel. En général c'est réservé aux gros conduits qui sont visitables, ceux dont le diamètre va être supérieur à 1,4 mètre
  • Par contre, les contracteurs sont rarement informés quant à la présence d'amiante dans les conduits à traiter. Les repérages ne sont pas forcément faits

Résultats – Visites STEP + égoutiers

Pour les visites des STEP (les stations d'épuration) et des égoutiers, les principaux résultats permettent de dire qu'au niveau des stations d'épuration, si le risque biologique est bien connu, il y a peu d'informations sur le risque amiante, il n'est pas pris en compte jusqu'à ce jour.

Les tâches identifiées comme les plus à risque de remise en suspension des aérosols lors des visites, ont été les opérations de vidange et de dépotage des camions hydrocureurs, pour lesquels il y a eu pas mal de projections observées et le nettoyage des cellules et bassins qui peut être fait aussi avec des appareils à pression, et donc qui régénèrent des aérosols.

Au niveau de l'entretien des égouts, les tâches identifiées comme plus à risque de remise en suspension des aérosols sont l'hydrocurage avec des expositions intermittentes, mais les aérosols sont vraiment visibles donc peuvent être porteurs de fibres et puis, au niveau de l'inspection l'entretien des égouts pour les entretiens qui sont faits cette fois-ci manuellement pour ceux qui ont un gros diamètre mais, il a été observé l'utilisation de demi-masques filtrants dans ces conduits.

Donc il y a une chose aussi que l'on peut signaler : la possibilité de rejet d'eau contaminée issue de traitements de matériaux contenant de l'amiante lors des opérations de désamiantage n'est pas à écarter, mais le risque est difficile à quantifier. Même si, en toute logique, ces eaux issues de traitements de désamiantage, sont censées être filtrées avant d'être rejetées dans les milieux.

Conclusion

En conclusion, les données d'exposition montrent un potentiel d'exposition chez ces travailleurs surtout pour les activités d'hydrocurage.

Au niveau des études épidémiologiques, elles sont peu concluantes du fait du faible nombre de données, de la confusion possible avec d'autres facteurs de risque qui apparaissaient dans ces études et de la pertinence des expositions passées par rapport aux expositions actuelles dès lors où a vu que les pratiques avaient évoluées récemment.

Il y a un manque d'information manifeste en tout cas sur la présence d'amiante dans les conduits. C'est un obstacle important à la mise en place des mesures appropriées de prévention.

Axes de prévention

Pour conclure, on pouvait proposer quelques axes de prévention pour ces métiers. Ça va aussi recouper ce que ce qu'a dit Daniel Leroy, ça va être :

  • former, sensibiliser le personnel, la prévention des risques liés à l'amiante en sous-section 4
  • identifier, communiquer sur la présence des conduits contenant de l’amiante, effectuer les repérages avant travaux selon la norme NF X 46-102, même si elle n'est pas encore d'application obligatoire

En tout cas ça sera gagné pour tous les travaux à venir.

Au niveau des protections collectives :

  • mettre en place les écrans anti-projection, les plaques, les tampons
  • mettre en place dans les stations d'épuration la ventilation mécanique lors du dépotage des camions hydrocureurs
  • évaluer les niveaux d'empoussièrement de chaque processus et repérer les phases opérationnelles émissives
  • rédiger les modes opératoires de chaque type d'intervention qui pourrait être réalisé en présence d'amiante

En matière de protection individuelle :

  • le port de protection respiratoire en fonction des niveaux d'empoussièrement des processus et des tâches les plus émissives
  • au niveau des vêtements : porter des combinaisons de type 4 ou 5 à usage unique. Il faut aussi penser à tenir compte du risque biologique, puisque ces boues peuvent être porteuses aussi de micro-organismes pathogènes
  • et puis, bien sûr, le port de gants et de bottes étanches

Tous les déchets d'EPIdoivent être gérés comme des déchets d'amiante.

Et la mise en place également d'une procédure de décontamination du personnel mais aussi du matériel qui tienne compte :

  • d'une part des interventions qui peuvent nécessiter la montée/descente du camion hydrocureur pour éviter de contaminer aussi les cabines de ces camions
  • nettoyage des tuyaux du matériel
  • et puis les interventions de maintenance sur les bennes hydrocurages qu'il ne faut pas négliger non plus parce qu'on peut être amené à intervenir sur ces bennes, si elles sont sales et pas décontaminées, on va contaminer l'opérateur qui va intervenir dessus
  • surveiller et tracer les expositions du personnel
  • et réaliser un suivi individuel renforcé du point de vue médical des salariés concernés

Xavier Faure

Merci pour cette présentation.

Aurélie Ascaride, j'avais une question pour vous : « Au niveau des repérages comment s'assurer qu'il y a des repérages qui soient réalisés correctement ? Et puis les faire parce que c'est aussi dans des lieux où ce n'est pas facile de les réaliser ».

Deuxième question : « Est-ce que les entreprises aujourd'hui interviennent dans des conditions de sécurité optimales ? ».

Aurélie Ascaride

Je pense qu'il y a une démarche de fond à mener le repérage avant travaux, déjà le dispositif réglementaire pour le domaine d'activité 2 n'est pas complet, et le temps que le repérage soit exhaustif sur la totalité des canalisations, ça va mettre un certain temps.

Donc c'est vrai que, en attendant ça, il y a la mise en œuvre de mesures de prévention comme si on était en présence d'amiante qui doit être la règle pour éviter d'exposer les travailleurs.
La complétude du repérage se fera au fur et à mesure.

C'est un peu la difficulté je pense. On a dit que quand on n'avait pas le repérage, on mettait en œuvre des mesures de prévention comme si on était en présence d’amiante, en revanche la réglementation va s'appliquer en fonction de niveaux d'empoussièrement, et les mesures qui doivent être mises en œuvre s'appliquent en fonction de niveaux d'empoussièrement.
Donc il faut quand même qu'il y ait des mesurages sur opérateur qui soient corrélés au repérage de présence d'amiante.

À un moment, on ne va peut-être pas faire ces mesurages sur des opérations de dépannage rapide où on n'a pas le temps de faire ce repérage avant travaux parce qu'il faut dépanner rapidement.

En revanche, je pense qu'il faut avoir une démarche de fond sur des canalisations qu'on va prendre le temps d'analyser, et sur lesquels on peut faire des opérations un peu tests de dépannage fictifs, mais en utilisant le mode opératoire réel, pour savoir à combien de fibres sont exposés les travailleurs qui effectuent ces opérations.

Xavier Faure

Alban Raimbault, si j'ai bien compris ce que vous disiez Aurélie Ascaride, finalement il faut se mettre en condition quand on n'a pas le repérage, comme s'il y avait de l'amiante.
Alban Raimbault, est-ce que vos membres, quand ils font des travaux, ils se mettent dans des conditions comme s'il y avait de l'amiante et est-ce qu'ils prennent la sécurité nécessaire ?

Alban Raimbault

Pour vous répondre concrètement, aujourd'hui je ne pense pas, dans le sens où l'information manque par rapport à la présence enfin, l'information sur les canalisations. Ça implique un coût supplémentaire sur l'intervention. Et donc le donneur d'ordre a du mal aussi à accéder à ce type de demandes.

À partir de là, c'est toute une chaîne qui se déroule. Les interventions vont se faire, comme vous l'avez évoqué, en urgence.

Et donc les mesures de protection ne sont pas forcément mises en place, etc. jusqu'au moment où oui... On attend la mise en place d'une vraie législation pour mettre en place les choses qui doivent être.

Xavier Faure

Véronique Godart, en termes de coûts et de délais quand vous mettez en place la plaque avec toutes les mesures de protection nécessaires, quelle est l'implication ?

Véronique Godart

La mise en œuvre du mode opératoire, il faut effectivement que ça soit des travaux programmés pour que ça soit en réalité réalisé sur le terrain.

Après, il y a une phase préparatoire, donc, il faut déjà avoir tout le matériel adapté, nous, aujourd'hui, on a un véhicule léger qui accompagne l'hydrocureur, on a 2 opérateurs formés. On tend à former l'ensemble de nos collaborateurs, mais ils sont quand même pas tous formés. Aujourd’hui, ce sont des équipes dédiées et spécifiques.

Donc il y a la préparation de chantier avec du matériel dédié et adapté. Et puis, après, il y a la mise en œuvre, on ne cure pas le même nombre de linéaires quand il est amianté et non amiante. Et puis il y a la phase de décontamination, la phase de repli, la phase d'habillage déshabillage. Donc, le temps de curage n'est plus du tout le même.

Les donneurs d'ordre doivent bien prendre en compte qu'un curage de réseau non amianté ce n'est pas la même chose qu'un réseau amianté.

Il y a de plus en plus des appels d'offres qui mentionnent l'amiante. Il y a le CCTP, le cahier des charges, où ils précisent où il y a de l'amiante. Mais ce n'est encore pas le cas de tous.

L'idéal serait d'avoir une grille tarifaire amiante et sans amiante, pour qu'on puisse tous travailler dans les règles de l'art, et pour assurer la sécurité de l'ensemble de la profession.

Xavier Faure

Vous voulez dire une équité entre les entreprises afin que tout le monde travaille avec même méthode ?

Véronique Godart

L'objectif demain c'est que toute la profession travaille de la même façon.

Xavier Faure

Au niveau des maîtres d'ouvrages, Daniel Leroy, les collectivités viennent vers vous sur ces sujets pour avoir des informations et savoir ce qu'elles doivent faire sur leurs appels d'offres ?

Daniel Leroy

On a du mal à travailler avec les collectivités qui ne sont pas nos premiers interlocuteurs puisqu'ils ne sont pas du régime général mais effectivement comme ce sont des donneurs d'ordre au niveau des Carsat, on s'appuie sur eux pour faire avancer la prévention.

Ils ne viennent pas tous spontanément, mais effectivement, on a nos réseaux d'informations pour qu'on puisse, au niveau de ces collectivités, faire avancer la prévention, pas uniquement sur le domaine de l'amiante mais effectivement certaines métropoles sont plus réactives que d'autres mais on ne peut pas toutes les toucher individuellement. Donc la formation et l'information devra continuer encore un moment.

Xavier Faure

Marc Charoy, une précision ?

Marc Charoy

J'avais 2 questions. Véronique, vous avez présenté des situations de travail qui gèrent le risque amiante avec des opérateurs équipés de moyens de protection. Est-ce qu'il y a eu des réactions des riverains quand vous êtes intervenus avec des combinaisons ? Parce que j'imagine que ce n'est pas forcément commun de voir aujourd'hui des opérations d'hydrocurage se faire dans des situations avec des opérateurs équipés.

Véronique Godart

Oui, effectivement, nos collaborateurs ont régulièrement des interrogations « pourquoi on est équipé de cette façon ? ».
C'est vrai qu'on a tout un travail en amont auprès de nos équipes pour pouvoir avoir une réponse, apporter un message rassurant. Parce que c'est vrai on est tous à avoir peur de la partie amiante. C'est vrai que d'avoir un message rassurant sur ce qu'on fait, ce qu'on réalise et sur la partie maîtrise du risque. Après, le contexte actuel nous a beaucoup aidé. Avec le Covid le fait de porter des masques, la population sur la partie santé est beaucoup plus sensibilisée.

Aurélie Ascaride

J'avais une question un peu technique. Ça concerne le protocole de prélèvement d'air quand les mesurages sur opérateurs ont été réalisés. Est-ce qu'il a été adapté ? Dans le sens où on est sous forme de fibres qui sont dans un brouillard d'eau, ça peut poser des problèmes en termes d'exploitation des filtres sur les pompes qui sont placées sur les opérateurs.

Est-ce qu'il y a eu un protocole spécifique par rapport à cette opération ? Et si oui, est-ce qu'on peut l'avoir ? Parce que ça pourrait intéresser je pense pas mal de monde.

Daniel Leroy

Non, il n'y a pas eu de protocole spécifique par rapport au fait que c'était des gouttelettes. Parce qu'on n'en connaît pas. On n'a pas fait de prélèvements quand il pleuvait.
Et on n'a pas eu des filtres entièrement trempés à récupérer après le prélèvement, donc on pense que le problème n'existe pas forcément. On n'a pas retrouvé ce problème.

Xavier Faure

Ça ne serait pas une étude pour vous à l'INRS ce sujet-là ?

Marc Charoy

Oui, peut-être. Mais on peut dire aussi qu'il y a eu des mesurages CARTO qui ont été réalisés notamment sur les interventions sur canalisations enterrées. Alors là, ce n'était pas pour l'hydrocurage, mais on se retrouvait dans des conditions de métrologie un peu similaires avec parfois des risques de pluie qui venait perturber et même annuler les prélèvements. On doit gérer les situations, mais on a eu quand même des résultats qui pouvaient être exploités. « Anita, tu veux compléter ? »

Anita Romero-Hariot

Oui, il ne faut pas oublier que sur les chantiers de désamiantage, on est sous brumisation aussi et que les prélèvements sont analysés et analysables

Marc Charoy

J'avais aussi une autre question pour Véronique. Au niveau de la formation, comment avez-vous pu former votre personnel ? Avez-vous identifié un organisme de formation ou plusieurs organismes ?
Parce qu'on a, au sein de l'institution, habilité des organismes de formations SS4 de manière à ce que l'on soit sûr que le message qui soit délivré soit délivré par des formateurs dont les compétences sont reconnues et avec une plateforme pédagogique qui est adaptée au métier.

Comment avez-vous abordé cet aspect formation de votre personnel ?

Véronique Godart

La difficulté rencontrée c'est que la formation réglementairement, elle doit être adaptée à nos activités et au métier.

C'est vrai que, quand on passe par les organismes agréés, on a une formation où on va faire de la découpe de canalisations avec toute la partie des contaminations SAS avec les douches.

On est la force aussi d'être un grand groupe, on a pu sélectionner quelques organismes de formation.

On a aussi la chance d'avoir un campus en interne où on a sous-traité toute la partie avec un organisme agréé pour, dans le cadre de ces formations réglementaires, que puissent être abordés nos modes opératoires.

Ça reste quand même assez généraliste et assez réglementaire. Comme je vous le disais, pour la partie curage comme ça change vraiment la façon de travailler le curage qui est historique dans le métier. On a complété la formation réglementaire : nos équipes suivent la formation amiante SS4 avec un organisme agréé.

En complément, on fait une formation interne avec des formateurs métiers, les experts de l'assainissement. Et on met en œuvre sur la journée de travail le mode opératoire curage. On accentue sur la partie utilisation de la plaque. C'est ce qu'on a fait le choix pour que la formation soit adaptée.

Parce que c'est ce qu'on a constaté. Et puis on a eu un certain nombre de collaborateurs qui, quand ils revenaient, ils disaient « Attention, nous on ne fait pas de découpe, on va pas être exposé à plus de 1 000 à 2 000 fibres/L, on n'est pas à ces niveaux de d'empoussièrement, puis on n'est pas concerné, on n'agresse pas la canalisation avec des outils mécaniques ». C'est vrai qu'on a un besoin de reprendre le message auprès de l'ensemble de nos collaborateurs.

Xavier Faure

Oui, parce que finalement c'est une découverte sur ce métier sur lequel on pensait qu'il n'y avait pas d'exposition. C'est ce que vous dites, les opérateurs ne sont pas sensibilisés.

Véronique Godart

C'est vrai qu’historiquement, on aurait pu imaginer comme on utilisait de l'eau qu'on pouvait capter la fibre avec l'eau et puis que tout ne pouvait pas ressortir forcément du regard. Donc, c'est vrai que c'est pour ça qu'il y a eu toutes ces campagnes de mesure pour évaluer le risque.

Quoi qu'on en dise, on fait du nettoyage mais pour évaluer le risque par rapport à la profession.

Xavier Faure

Les eaux que vous utilisez sont traitées avec des filtres ?

Véronique Godart

Le principe de nettoyage des canalisations, donc on a un hydrocureur il y a de l'eau dans les cuves on utilise de la haute pression avec une tête pour nettoyer le réseau.

L'eau est utilisée comme système de karcher que vous pouvez avoir pour votre nettoyage à la maison. On nettoie la canalisation donc l'eau reste dans le réseau.

Xavier Faure

Après, elle repart dans le réseau mais elle n'est pas filtrée avant. Ce n'était pas une préconisation que vous aviez au niveau de l'INRS ?

Anita Romero-Heriot

Non, ce qu'on disait c'est que potentiellement aussi dans les réseaux on pourrait avoir de l'eau contaminée issue des chantiers de désamiantages. Puisqu’ils utilisent beaucoup d'eau sur les chantiers mais que ça ne devrait pas arriver, dans le sens où les désamianteurs ont l'obligation de filtrer leur eau avant rejet.

Xavier Faure

On est assuré que si la réglementation est bien suivie, il n'y a pas d'eau dans les canalisations issues des chantiers de désamiantage.

Véronique Godart

Quoi qu'il arrive, l'eau est véhiculée dans les réseaux. Comme on a pu le voir, les réseaux sont implantés depuis de nombreuses années et l'état de dégradation... Il y a un risque potentiel qui est des résidus d'amiante dans l'eau dans la canalisation.

Xavier Faure

Pour faire le prélèvement en lui-même c'est complexe sur des canalisations qui sont usées, sur lesquelles il faut une quantité de matière suffisante pour l'analyser ?

Marc Charoy

Effectivement, le prélèvement n'est pas simple.

Quand on avait fait la campagne ensemble, on s'était aperçu que les canalisations concernées ce sont des canalisations qui majoritairement ont un diamètre de 20 ou 25 cm donc, ce sont des petites canalisations.

Ça veut dire que pour aller faire un prélèvement quand on n'a pas l'information, il faut descendre dans le regard.

Un regard ce n'est pas un endroit où on a un poste de travail bien installé, c'est très étroit. Qui plus est, la canalisation si elle est très profonde il faut pouvoir atteindre le morceau de canalisation pour prendre un échantillon, c’est pas simple.

C'est aussi ce qui explique certainement qu'il y ait une carence sur les repérages des canalisations amiantés, qui donne aujourd'hui un obstacle sur la prise en compte du risque.

Xavier Faure

Sans détériorer la canalisation ? Parce qu'après si ce sont de petites canalisations, on peut en plus détériorer la canalisation, alors là on entre dans une autre histoire.

Marc Charoy

Oui, mais quand il s'agit de prélèvements massiques, on n'a pas forcément besoin de prélever un gros morceau d'échantillon, parce que ça passe au microscope avec un petit fragment de canalisation, on arrive à déterminer (soit en MOCP soit en META si on doit pousser l'analyse) s'il y a de l'amiante ou pas.

Xavier Faure

On va prendre des questions du public.

Question

Morgane : « Est-ce que la plaque garantit la protection du collaborateur de surface ou plutôt le collaborateur dans l'égout ? »

Xavier Faure

« Daniel Leroy, pour la Carsat ? »

Daniel Leroy

Dans les opérations dont on parle, il s'agit d'hydrocurage où les 2 opérateurs sont en surface quand les diamètres sont de 25 cm, il n'y a personne dans l'égout. On n'est pas dans des égouts visitables.

Xavier Faure

« Il y a deux personnes : il y en a une d'un côté et puis l'autre de l'autre côté ? »

Daniel Leroy

Il y en a une qui est près du camion et la deuxième qui est près du regard amont.

Xavier Faure

Question

Morgane : « Après une crue et suite à la formation de tapis de graisse dans les différentes canalisations, nos agents utilisent une lance à eau de 45 mm pour les nettoyages des galeries avec la pression de la bouche d'incendie 3 bars. Pensez-vous que ce type d'intervention sur un réseau amianté peut relever de la SS4 ? »

Marc Charoy

Je crois que la réponse est multiple. Déjà, quand il s'agit d'intervenir sur les matériaux contenant de l'amiante, que ce soit de l'hydrocurage ou que ce soit d'autres techniques, le cadre réglementaire est clair, je crois Aurélie, c'est que ça relève de la SS4.

Aurélie Ascaride

Oui, dès que c'est susceptible d'émettre des fibres d'amiante, on va relever de la sous-section 4.

Xavier Faure

Peut se poser la question de l'urgence des travaux là.

Aurélie Ascaride

Ça ne changera rien, on a possibilité de déroger au repérage avant travaux en cas d'urgence. En revanche, la réglementation qui s'applique va être la même qu'on ait un rapport de repérage avant travaux ou pas. C'est-à-dire, là dans ce cadre d'intervention de dépannage, ça sera de la sous-section 4 effectivement.

Marc Charoy

Après, il y avait l'histoire de la présence de graisse dans les canalisations. Là, on est peut-être plus dans votre activité Véronique, si vous pouvez répondre peut-être ? Sur le curage de canalisations, ça doit être des bacs dégraisseurs, c'est peut-être ça la question.

Véronique Godart

Je ne sais pas par rapport au contexte. Après effectivement on a parlé de l'état de dégradation des canalisations, mais en fonction aussi de certains environnements, on peut avoir pas mal de graisse dans les canalisations.

Ça a été des questions qui ont été posées dans le cadre du groupe de travail avec la FNSA et puis la Cramif et la Carsat, que la graisse pouvait effectivement capter la fibre.

Ça pourrait peut-être limiter l'émission, mais en aucun cas supprimer l'émission de fibres.

Xavier Faure

Une autre question.

Morgane :

« Comment sont gérés les douches d'hygiène ? »

Xavier Faure

« Là on parle pour les opérateurs. C'est peut-être pour vous encore Véronique ? »

Véronique Godart

Nous, la douche d'hygiène se fait au plus tôt, au retour à l'agence.

Xavier Faure

Oui, donc ce n'est pas sur place, il n'y a pas de douche qui sont...

Astride Ascaride

J'imagine qu'il y a quand une décontamination sur le lieu de travail avant de pouvoir reprendre ?

Véronique Godart

Oui, oui. Il y a toute une phase de déshabillage et de décontamination des opérateurs.

Tout à l'heure je précisais que nous, dans le cadre de notre mode opératoire, on a fait le choix d'avoir un second véhicule pour apporter tout le matériel sur chantier.

Mais également d'avoir un espace dédié pour les opérateurs, pour qu'ils puissent s'habiller et se déshabiller.

On utilise l'eau savonneuse ou du surfactant avant de se déshabiller.

C'est le mode opératoire amiante. Après, effectivement, la douche c'est au retour à l'agence.

Xavier Faure

Alban Raimbault : « En termes de coûts, on voit tous les impacts que ça a en termes de coûts sur les entreprises, les délais ». « Est-ce que vous travaillez à créer une forme d'équité au sein de vos entreprises ? » « C'est-à-dire que tout le monde utilise ces mêmes modes opératoires, en même temps ? ».

Alban Raimbault

Concrètement, le travail collaboratif qui s'est tenu au sein de la FNSA, ça a le but d'informer nos adhérents et de les tenir informés par rapport à la législation, et faire en sorte que tout le monde soit sur le même pied d'égalité pour intervenir et pour répondre à ce type d'interventions.

Après, au-delà de ça, on n'a pas de marge de manœuvre, nous fédération, parce qu'on est là avant tout pour anticiper les problématiques sur le terrain et faire en sorte d'avoir un vrai travail collaboratif et pour répondre aux difficultés provenant du terrain. Après ce n’est pas de notre ressort.

Xavier Faure

Oui, ce n'est pas vous qui gérez ça.

Il y a encore des questions ?... Morgane

Morgane

« Comment font les opérateurs pour passer d'une zone d'intervention à une autre ? ».

Xavier Faure

Ah oui, alors effectivement la question si j'ai bien compris c'est que j'enlève ma combinaison, je monte dans un camion je vais me décontaminer prendre une douche et après je repars sur une autre zone... Quels sont les transferts entre deux zones ?

Véronique Godart

Dans le cadre de la mise en œuvre du mode opératoire, on a plus qu'un seul et unique opérateur qui est susceptible d'être exposé.

Quand tout à l'heure vous voyez par rapport à notre présentation, on avait la photo avec le balisage, c'est pour ça qu'il y avait l'importance en fait de la zone de sécurité, la zone de travail, c'est la zone vraiment à proximité du regard où il y a possibilité d'émettre des fibres.

Donc aujourd'hui, on a plus qu'un seul et unique opérateur qui intervient dans cette zone. Et on a un chauffeur qui fait le déplacement du véhicule. Lui, il est non contaminé.

Après, l'opérateur qui assure le curage de tronçon par tronçon, il passe d'un tronçon à l'autre à pied.

Xavier Faure

Oui, et puis il y a l'opérateur qui conduit et donc c'est lui qui déplace le véhicule mais lui il n'est pas contaminé.

Véronique Godart

C'est vraiment avec l'utilisation de la plaque, ça nous permet vraiment de supprimer et réduire l'exposition. Et puis il y a aussi le respect comme tout à l'heure on le disait, dans les moyens de prévention, c'est vrai que c'était culturel. Les opérateurs travaillent avec les yeux et puis l'ouïe sur l'avancement de la tête à l'intérieur du réseau, donc c'est vrai qu'historiquement ils avaient tendance à rester à proximité de la bouche d'égout.

Donc avec la sensibilisation et la mise en œuvre du mode opératoire, on s'éloigne de ce regard pendant la phase de travail.

Les évolutions techniques nous le permettent : aujourd'hui il y a de plus en plus de télécommandes, donc les opérateurs peuvent travailler en déporté.

C'est l'utilisation de ce travail en déporté avec télécommande, plus l'utilisation de la plaque, plus le bon débit pression, la bonne tête, qui permettent de limiter au maximum les fibres et d'assurer la protection des collaborateurs qui travaillent à proximité.

Xavier Faure

Merci. Morgane me signale qu'il n'y a plus de questions.

Est-ce qu'il y a une dernière précision ? Sinon je propose de mettre fin à cette table ronde.

Marc… peut-être une dernière précision ?...

Anita Romero

Moi aussi...

D’où l'importance de trouver les modes opératoires qui restent en niveau 1 pour simplifier au maximum les procédures de décontamination qui seraient très très compliquées à mettre en œuvre sur ce type d'opération si on était au-delà du niveau 1 d'empoussièrement.

Xavier Faure

Pour rappeler à tout le monde le niveau 1 ?

Anita Romero

Inférieur à 100 fibres/L.

Xavier Faure

Effectivement, il faut pousser tout le monde à être sous ce type de mode opératoire.

Marc Charoy

J'avais une réflexion, c'est aussi une question peut-être. On a vu lors de la campagne que l'hydrocurage intéressait les canalisations d'eaux usées.

On n'a pas eu l'occasion de voir des situations de curage d'eau pluviale. Donc déjà, est-ce que curage d'eau pluviale ça existe ?

Parce que, ce qu'il y a derrière la collecte des eaux pluviales, ce sont aussi les fibres d'amiante qui pourraient être collectées par les différents réseaux, et notamment les gouttières qui sont situées en bas des pentes des toitures en fibrociment. On sait très bien que le fibrociment relargue au travers du temps des fibres qui sont balayées par les intempéries et qui sont collectées.

Pensez-vous que les réseaux d'eau pluviale seraient concernés par des opérations d'hydrocurage ?

Et si c'était le cas, est-ce que ça serait intéressant d'investiguer dans ces activités-là ?

Xavier Faure

Qu’est-ce qui veut répondre ?... Alban ?

Alban Raimbault

Alors concrètement, certainement à partir du moment où se sont des canalisations, on peut forcément investiguer dans ce sens-là. Les réseaux d'eau pluviale sont curés et nettoyés par des professionnels.

Après, je pense que c'est le même état des lieux que par rapport aux canalisations des eaux usées.

À déterminer le pourcentage des réseaux qui contiennent de l'amiante versus ceux qui n'en contiennent pas.

Et ensuite, oui certainement qu'il y a quelque chose à faire dans ce sens-là.

Xavier Faure

Il y a eu des études qui ont été menées par l'INRS sur ces sujets ? Il n'y a pas d'études donc on n'a pas de chiffres complémentaires.

Merci à toutes et tous, on peut les applaudir pour cette table ronde !